Temoignage de Léon François, résistant et déporté - Lycée Porte de Normandie

Temoignage de Léon François, résistant et déporté

, par Jean-chris Fichet - Format PDF Enregistrer au format PDF

Entretien filmé au lycée de Verneuil en mai 2013.

Monsieur Léon FRANCOIS
Ancien résistant du réseau « Organisation Civile Militaire » aux Andelys, déporté en Allemagne à Buchenwald et à Neu-Stassfurt.

Notes de préparation et de complément à la rencontre avec M. Léon François, le 11 janvier 2013.

« Cette histoire est mon histoire, tellement affreuse que l’on ne croira pas. Je ne veux pas passer pour un martyr. Que l’on tourne la page, que je ne fasse pas participer les autres à ma douleur, que je garde mes insomnies, mes tourments, mes visions apocalyptiques, je retrouverai mes compagnons de détention avec qui nous avons connu les mêmes épreuves mais mon entourage ne pourra supporter mon calvaire. »

Raphaël Mallard.

Les notes et éléments ci-dessous sont principalement tirés de l’ouvrage Avec le dernier convoi pour Buchenwald, de Raphaël Mallard, résistant et ami de L. François, publication à compte d’auteur.


M. Léon FRANCOIS dit Jacques Fleury (de son nom de résistant)
. Ancien résistant du réseau « Organisation Civile et Militaire » aux Andelys. Il est, avec huit autres personnes, à l’origine de la création de ce groupe orienté vers la résistance passive. En novembre 1943, sur dénonciation, la Gestapo organise une descente sur la ville et arrête cinq membres du groupe. Réfugié à Lillebonne il entre dans la résistance active et devient chef de secteur au sein de l’organisation « Libération Nord ». Une nouvelle fois repéré par la Gestapo (là encore grâce aux renseignements de collaborateurs), il est arrêté le 28 juillet 1944 dans la ferme de son ami Raphael Mallard.
Transféré à Rouen, immeuble de la Tour du Donjon, Léon François est torturé. Le 8 août, il est conduit à Compiègne, puis participe du convoi du 17 août 1944 vers le camp de Buchenwald : « A l’époque, dit-il, personne n’était au courant de ce qui se passait une fois arrivé en Allemagne »¹.

Léon François – Lycée Porte de Normandie 11/01/2013

Le convoi : Le trajet se fait dans des wagons à bestiaux, chaque wagon pouvant contenir 100 à 110 détenus sur une surface de 25 m². Durant le trajet une tentative d’évasion dans un wagon rend celui-ci inutilisable. Le transfert des prisonniers sur les wagons restants force ceux-ci à concentrer 120-130 personnes soit 5 personnes par m² !
Ces tentatives d’évasions coûtent cher : « Il y a eu de nombreuses tentatives mais peu réussirent. A chaque fois le train était arrêté et las Allemands ramenaient des cadavres de leurs battues, tandis que cinq camarades parmi les plus jeunes étaient désignés comme victimes : ils devaient creuser une fosse de 4 mètres sur 4 et s’y étendre à plat ventre. Un à un, ils étaient alors abattus d’une balle dans la nuque. »²

L’arrivée dans le camp de Buchenwald (la forêt de hêtres en allemand) a lieu le 21 août à 14h. Le nombre de déportés est estimé à 35.000, ils seront 80.000 en février 1945.

Des informations sur le camp de Buchenwald :
http://www.buchenwald-dora.fr/1lecampdebuch/accueilbuch.htm

« Buchenwald est un camp de concentration. Situé en plein cœur de l’Allemagne dans la province de Thuringe, il est à peine à quelques kilomètres de la ville de Weimar, où vécurent bien des hommes célèbres, dont le peintre Cranach, les poètes Schiller et Goethe, les compositeurs Bach, Beethoven et Liszt.
De 1937 à 1945, 266 000 personnes ont été enregistrées dans le camp.56 000 ont succombé, de faim, de maladies ou d’épuisement ou ont été froidement assassinés. » (informations tirées du site mentionné ci-dessus)

Léon François demeure 4 semaines dans ce camp de Buchenwald puis il est acheminé par train vers Stassfurt, à 30 kilomètres au sud de Magdebourg (au nord de Buchenwald). Il y reste du 14 septembre 1944 au 11 avril 1945 et travaille dans les mines de sel situées à proximité du camp : sur les 500 membres de son commando de travailleurs 400 meurent d’épuisement ou de mauvais traitements.

L’emploi du temps :

4.30-5.00 : Réveil avec distribution de café (1/4 de L) et 200g de pain noir.
6.00 : Départ pour la mine.
12 heures de travail à la pelle ou à la bétonnière.
17.30-19.00 : Retour au camp.
19.30 : Soupe
20.00-20.30 : Appel (les témoignages de son ami Raphaël Mallard sur ces appels sont édifiants : longueur de la procédure qui est reconduite plusieurs fois, froid – exposition au vent…).
21.00-21.30 : Extinction des feux.

La tenue : Tenue rayée des déportés (acquise en septembre 1944) sur laquelle est cousu le triangle rouge des déportés politiques, assorti d’un « F ».

Léon François a 26 ans sur cette photo prise à la sortie du camp. Il pèse 40 kg contre 82 avant sa déportation.

Une culotte, un caleçon, une veste, une chemise, une paire de galoches en toile à semelles de bois, une paires de chaussettes russes.
Pendant 6 mois, ce linge ne sera ni changé, ni lavé, ni nettoyé. Durant le séjour 2 douches sans savon seront prises ainsi qu’une désinfection générale.

La marche de la mort : Le 11 avril 1945 débute la marche de la mort à laquelle Léon François et Raphaël Mallard participent. Elle se termine le 8 mai.
366 kilomètres seront parcourus, à pieds nus pour certains.
« L’ignoble empêchera nos langues de se délier, nos pleurs hanteront nos nuits pour le reste de notre vie. Vraisemblablement la raison de notre silence pendant soixante années » écrit R. Mallard à ce sujet.

Au départ de la marche à Stassfurt, le 11 avril on compte 380 détenus, ils seront 60 le 8 mai.
Le 7 mai, Léon François est particulièrement affaibli. La décision est prise de s’évader. L’évasion réussit et Léon François ainsi que son ami R. Mallard sont évacués par les troupes russes qui les envoient vers les forces américaines.

Le retour en France : Il s’effectue le 21 mai 1945, par la gare de Longwy puis celle de la gare de l’est à Paris, pour gagner le centre d’accueil des déportés, l’hôtel Lutecia.

Notes :1 - 2 Extraits du journal l’Impartial – Les Andelys 4 mai 1995.

Les 4 vidéos se suivent.




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